Le vent soufflera t'il encore quand le temps s'arrêtera ?[Privé Twinkle Night]

La caresse du vent fait virevolter les grains de
sable à peine visible, découvrant la couleur vive des coraux échoués. Le
soleil haut perché dans le ciel bleu rayonne de tout son comble, ses
rayons dansant sur la large bande dorée tachetée de pourpre. Les vagues
n'arrêtent pas d’essayer d'avaler la pauvre plage, mais se retire aussi
rapidement qu'elle viennent. Le doux bruit de l'eau s'écrasant avec rage
sur le sol forme une symphonie douce à l'oreille, accompagnée par le
sifflement du vent, formant une musique mélangeant mélancolie et
bonheur, joie et tristesse, nuit et jour. Deux sons contraires
s'unissant en un bruit agréable, résonnant comme un souvenir à ses
oreilles.

Oh toi, qui m'a abandonné si tôt, toi qui m'a
laissée vivre seule, sans aide, aide moi, encore une fois, une dernière
fois, aide moi à vivre... Toi, a la crinière ocre et a la robe sombre,
reviendra tu me voir, viendra tu me voir grandir, me voir changer, ou te
cachera tu comme tu l'as toujours fais ? Dis moi, as tu seulement
penser a ce que j'aurai pu devenir ? Ca te t'est pas venu à l'idée que
je me fasse attaquer ? Noyer ? Non ? Oh, je comprends, tu es bien trop
occupé à courir a près les juments. Et bien soit ! Fais comme tu veux !
Mais ne compte pas sur moi pour t'aimer, ou même te considérer vraiment
comme mon père. La rage me dévore, et ça, c'est entièrement de ta faute.
Pourquoi tu l'as pas aider, hein ? Mince. Tu m’énerve. Et tu me fais
faire n'importe quoi. Stop. Fini. Nada. Je ne parle plus à un fantôme.
Un souvenir.

Trottant allégrement sur la plage, slalomant entre les multiples
coraux, elle pense. Elle parle en pensée, dans sa tête. Elle enrage,
elle peste. M'enfin ! Comment as t'il pu la laisser seule ? Ca l’énerve
au plus haut point. Même si ce n'est pas dans ses habitudes de pester
ainsi, elle ne peut pas s'en empêcher. Et voila ! A force de s'énerver, elle c'est approchée trop près des vague et la voila toute trempée. Elle s'arrête. Et s'ébroue. Et s'énerve encore plus avant de claquer du sabot contre le sable.

Arrête. Arrête ! Arrête de me hanter, de me... De m'énerver ! Mince ! Tu m'énerve, tu me... Tu me tue. Tu me brûle. Tu es un poison. Va donc chercher des juments et va voir ailleurs. J'en ai marre. Marre. Marre de tout. De toi. De ton souvenir. De ta silhouette. Que m'arrive t'il ? Je deviens folle, hein ? Tu veux me voir comme ça ? Non ? Alors viens ! Si, tu veux me voir ainsi ? Alors, tu as réussi. Bravo. Merci. Merci de me tuer !...

Quelques larmes coulent. Pourquoi ? Pourquoi ?

(Wow, c'est bô!)

Je marche tranquillement sur le sable fin. Les douces vagues salées viennent lécher mes sabots d'argent. Mon souffle chaud se transforme en une buée blanchâtre au contact de l'air froid. Oui, il fait bien froid, en cette douce matinnée d'automne.
L'air pique mes muscles nerveux, qui semblent sculptés dans le marbre froid. Je marche d'un air calme, mes pas se moulant dans le sable doux, mes pas massifs qui faisaient craquer les coreaux échoués le long de la plage. Si j'ai un air doux et calme, tout au fond de moi grandit une rage infinie, destructrice. Une rage qui me rendrait furieux, me poussant à tout détruire sur mon passage. Mes propres parents, ces horreurs, ces attrocités vivantes, les pires choses qui puissent exister au monde. Mais aussi ces terres. Ces terres maudites. Si seulement je pouvais tout raser sur passage, tout brûler en en balayer les cendres.

Loin, là-bas, immergeant dans l'eau salée de la mer bleue, une pouliche. Une jolie petite pouliche à la robe bai. Des larmes blanches s'écoulent lentement le long de son chanfrein. Alerté, je galope vers elle, pénètre dans l'eau froide, me glaçant les membres. Je m'approche lentement. Le pire serait de l'effrayer. C'est donc tout doucement que je viens essuyer sa larme du bout de mes naseaux.

-Ssssht, ne pleure pas! Comment t'apelle-tu? Tu es ici sans ta maman?

Hantée par ses mots, ses phrases lancées dans sa tête qu'elle ne peux faire disparaître; elle discute avec un fantôme, un souvenir qui ne voudrai qu'oublier, mais le vent impitoyable ne fait que raviver ce souvenir, toujours plus puissant, toujours plus meurtrier. Qu'avait t'elle fait pour mériter une telle chose ? Cette chose la tue de l'intérieur, son corps n'est qu'une enveloppe, elle s'envolera, et son esprit galopera, encore libre. Mais pour l'instant, elle est là, et elle se meurt, hantée.

Vas tu me laisser tranquille, souvenir ? Souvenir... Fantôme, esprit, comment veux tu que je t'appelle ? Certainement pas père, en tout cas !

Un étalon arrive, essuyant sa larme. Elle hésite à répondre, mais finalement, le laisse.

-Comment voulez vous que je ne pleure pas ? Ma mère est morte, voyez vous, et mon père m'a abandonnée. Moi je dis, la vie est trop ingrate, elle est sans répit. Je suppose que mon nom est Uranie... Je crois l'avoir entendue une fois. Mon père n'a jamais rien dit, il me montrait, juste. Et vous ? Comment vous appelez vous ?

Elle se retire, puis baisse les yeux. A quoi bon ?

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